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NOYYINDOO 2025 : le Forum Festival santé et environnement


Le grand festival forum santé et environnement Noyyindoo s’est enfin tenu les 31 janvier et 1er février 2025 dans la commune de Sebikotane. Fruit d’un patient processus de co-élaboration entre habitants, chercheurs et autorités, le forum a réuni quelque 400 participants et participantes au Foyer socio-collectif de Sebikotane. Il a été ouvert dès la veille au soir par un grand concert de l’artiste engagé Omar Pene, avec des groupes locaux en première partie. En plus d’avoir offert l’occasion de partager les premiers résultats du projet AirGeo sur la contamination de l’air et des sols, le forum a permis que, dans le dialogue, des réponses durables soient envisagées pour bien respirer et bien vivre à côté d’usines de recyclage de métaux dans des territoires urbains en transition. Une journée inspirante passée ensemble – noyyendoo – pour bien respirer – noyyindoo !


 

© graphisme des bandeaux et programmes : Anna Diop–Dubois

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C’est sous l’égide du Ministre de l’environnement, Pr. Daouda Ngom, du Maire de Sebikotane Alioune Pouye, du haut parrainage du musicien Omar Pene, et en collaboration étroite avec Ker Thiossane, que le festival forum a mêlé arts, sciences et engagement citoyen. Le 31 janvier au soir, l’esplanade en face de l’usine Someta près de 1000 personnes se sont réunies pour venir écouter le concert de l’artiste engagé Omar Pene et découvrir des artistes locaux en première partie. La journée 1er février, toute en forum, s’est déroulée au foyer socio-culturel en réunissant quelque 400 participants et participantes. Chacune et chacun a pu suivre la remise du prix de sciences participative par Madame l’Ambassadrice de France, l’annonce de la création d’un Observatoire pour la connaissance des pollutions à Sebikotane-Bargny-Diamniadio, la lecture d’un plaidoyer de son conseil-citoyen. Et ce n’est pas tout : des tables rondes sur la qualité de l’air et la préservation de la forêt introduites par des saynètes de théâtre-forum, des expositions arts-sciences, des stands écocitoyens, des plateaux radios assurés Teranga Lab et la Waar Wi fm de Sebikotane ont permis de multiplier les occasions et les formats d’échanges. Au fil de la journée de forum, dense mais équilibrée, de nouvelles alliances se sont forgées entre préoccupations des habitants, recherches des scientifiques et puissance publique pour améliorer la qualité de l’air et la qualité de vie dans cette zone urbaine sous forte pression industrielle. La conviction était forte que les alliances qui s’inventent ici pourront se mettre aussi ailleurs au service de la justice environnementale.

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8h30, au Foyer socio-collectif, le calme de ce samedi matin frais ne laisse pas encore présager de l’intense animation de la journée. Un corbeau croasse, le sifflet d’un professeur de sport lui répond.  On pourrait même croire à un jour ordinaire : un cours d’Éducation sportive se déroule comme à l’habitude sur le terrain de basket.

9h30, les premiers participants se présentent pour installer leurs stands écocitoyens, on cherche des tables, on stocke les chaises et on balaie les larges tapis bleus qui tracent des chemins entre les différents espaces du forum : l’assemblée, les expositions, les stands, la salle. Du côté de la grande salle de réception, les nappes se dressent avec des bouquets de fleurs, les corbeilles s’emplissent de viennoiseries. Sur le terrain de basket, le cours de gymnastique s’est terminé, on peut commencer à dresser la grande tente de l’assemblée. Les chaises rouges sont alignées en un vaste rectangle qui prévoit l’accueil des débats, la sono fait ses tests, les larges bâches se tendent et laissent apparaître le regard bienveillant d’Omar Pene dont les mélodies résonnent encore dans les têtes de celles et ceux qui ont assisté au concert la veille.

10h30, le café est prêt lorsque les stands continuent de s’installer, les premiers visiteurs peuvent commencer à regarder les expositions, orientés par les médiateurs et les médiatrices ou les artistes eux-mêmes. Ces expositions posent le contexte urbain : le patio, à l’entrée du Foyer, est rythmé par des  portraits conjoints d’arbres et d’habitants. Chacun et chacune à Sebikotane reconnaît les visages et les arbres. Elles font face à des photos de collines arborées à l’avenir incertain, celle du pays sérère derrière Sebikotane. Plus loin entre les colonnes du hall rond, des séries de photos montrent la mutation urbaine fulgurante sous la percée du TER : les paysages saisis il y a quelques mois paraissent anciens déjà. Pour approfondir la perspective, on pourrait aller visiter les projets des étudiants et étudiantes du collège d’architecture, ou encore revoir l’exposition AirGeo “Inspire et embarque” qui arbore ses 19 posters et sa fresque narrative sous les arbres de la cours du Foyer… mais laissons la journée avancer à son rythme. Le temps, dans les questions qui nous préoccupent – de santé et d’environnement – est un paramètre auquel il  faut laisser sa consistance. Observer, suspendre, réfléchir, observer encore, laisser avancer. Recommencer.

11h, les stands écocitoyens sont installés. Sous des chapiteaux bleus et blancs, on peut en faire le tour pour découvrir la diversité de leurs activités au service des communautés, leur inventivité, leur dynamisme… une fébrilité traverse l’assistance qui s’est densifiée : les officiels sont arrivés. Madame Christine Fages, Ambassadrice de France au Sénégal avec son staff, Dr. Sekouna Diatta, le directeur général de l’agence sénégalaise pour la reforestation et la Grande Muraille Verte aussi…   On attend plus que Monsieur le Maire… le voilà ! Les unes, les uns, parfois par petits groupes, s’installent sous la grande tente. Le forum peut commencer : le début d’une longue et fructueuse journée, avec rythmes variés au fil des activités.

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Sous la grande tente, l’assemblée est réunie. La cérémonie d’accueil est ouverte. Assis pour bientôt prendre la parole, on reconnaît :

  • Mme Christine FAGES, Ambassadrice de France au Sénégal
  • Pr. Sekouna DIATTA, Directeur Général de l’Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille Verte du Ministère de l’environnement et de la transition énergétique (ASERGMV)
  • M. Alioune POUYE, Maire de Sebikotane
  • Dr. Codou Badiane MANE,  Point focal Santé & Environnement du Ministère de la Santé et de l’Action sociale
  • Mme Aminata Mbow DIOKHANE, Directrice du Centre de Gestion de la Qualité de l’Air (CGQA), Direction de l’Environnement et des Établissements Classés (DEEC) du Ministère de l’environnement et de la transition énergétique.
  • M. Fara MENDY, Chef du Bureau Santé Hygiène et Action Sociale de la Commune de Diamniadio
  • Mme. Aminata GUEYE, Adjointe au Maire de Bargny
  • M. Bakou Mory Thiané MBAYE, Lamane de Bargny (Chef coutumier)
  • M. Yann Philippe TASTEVIN, anthropologue CNRS, coordinateur du projet AirGeo au Sénégal, directeur du laboratoire international de recherche  Santé, Environnement, Sociétés à l’UCAD (IRL ESS)
  • M. Mayoro GUEYE, président de l’association GARAB

Le soleil est haut déjà, les discours commencent…

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SOMMAIRE

…LORSQU’IL EST PERMIS D’ESPÉRER


LES DISCOURS ET LA REMISE DU PRIX

Après la prière d’usage et le discours d’accueil par le Maire de Sebikotane, Alioune Pouye, c’est au tour de Mayoro Gueye de prendre la parole pour présenter le projet de régénération de la forêt, N’Doun, porté par la toute jeune association GARAB. Vient ensuite le tour de Yann Philippe Tastevin qui ouvre le forum lui-même, en rappelant la démarche du projet AirGeo, et le processus de concertation de ces derniers mois qui a permis l’instauration d’un Observatoire écocitoyen pour la connaissance des pollutions, avec ses trois conseils : un conseil scientifique, un conseil citoyen et un conseil exécutif.

Madame l’Ambassadrice de France a ensuite remis à la ville de Sebikotane le prix de la science participative que le projet AirGeo a reçu de la part du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche en France. Ce prix, matérialisé en un trophée et en diplômes de reconnaissance pour chaque groupe impliqué, a été remis à Monsieur le Maire de Sebikotane, ainsi qu’aux délégués de quartiers de Sebikotane et de Diamniadio, aux Badienu Gox et aux relais communautaires, sans l’intermédiation desquels rien n’est possible, aux médiateurs et médiatrices du projet qui en accompagnent les multiples enquêtes, aux volontaires qui ont soutenu l’organisation du forum, aux artistes-comédiens de la compagnie Kër Gu Mag, qui par leurs actions artistiques soutiennent et renforcent la qualité des échanges entre tous.

Après quoi, une saynète de théâtre-forum a mis en scène un maire et un directeur d’usine débattant des effets qu’une nouvelle usine aurait sur le territoire de la commune. Posant ainsi les thèmes et les enjeux du forum au niveau de l’expérience qu’éprouvent les habitants de Sebikotane, Diamniadio et Bargny, le théâtre a introduit le “plaidoyer pour concrétiser l’action citoyenne au sein de l’Observatoire”, qu’a lu ensuite M. Serigne Mbacké Diop, principal du collège de Sorokh, au nom du Conseil citoyen.

En écho, les discours officiels de Dr Codou Badiane Mané,  Point focal Santé & Environnement du Ministère de la Santé et de l’Action sociale et du Pr. Sekouna Diatta, Directeur Général de l’Agence de la Reforestation et de la Grande Muraille verte au Sénégal, sont venus conforter l’importance des enjeux débattus ce jour, tant pour la qualité de l’air que pour l’importance de préserver et régénérer la forêt de Sebikotane. En clôture de ce temps d’accueil, Madame Viviane Thivent, de l’Institut écocitoyen de l’Aude et élue municipale de Narbonne, est venue témoigner de l’inspiration que suscite déjà l’exemple de la démarche écocitoyenne à Sebikotane jusque dans les zones polluées du sud de la France.

© photos : Teranga Lab

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LES CAUSERIES, AVEC THÉÂTRE FORUM

Les deux causeries ont constitué des temps forts du forum. Trop courts de l’avis de tous et de toutes, tant les discussions qu’elles ont suscité ont compté. Elles ont été introduites l’une et l’autre par des saynètes de théâtre-forum permettant de sentir la tension des situations vécues par les populations sur les sujets abordés : à propos de la diversité des intérêts et des craintes que provoquent l’installation d’une usine ou la disparition d’une forêt ancestrale. Dans une situation comme dans l’autre – et c’est ce dont ont causé les panélistes – l’élaboration des connaissances et des moyens d’action nécessite des opérations longues, délicates et irréductibles les unes aux autres. Les deux tables rondes ont permis de s’accorder sur la nécessité de forger de nouvelles alliances – scientifiquement, administrativement, juridiquement, ancestralement, quotidiennement – pour faire valoir la justice environnementale.

 

“BIEN RESPIRER MALGRÉ LES POLLUTIONS”

La première causerie, “Bien respirer malgré les pollutions”, a été l’occasion de raccrocher l’histoire des pollutions à Sebikotane à celle, plus ancienne, de la prise en charge du plomb au Sénégal, et celle, plus large, de la prise en considération des pollutions dans les zones industrielles, au niveau de l’État du Sénégal, et avec de nouvelles alliances entre chercheurs et citoyens pour la connaissance des pollutions.

Théâtre-forum : La Résistance de Sebi-Gare, troupe Kër Gu Mag, dir. Mamadou DIOL – la scène montre une concertation tendue entre un directeur d’usine et le représentant d’un collectif d’habitants qui demandent à en savoir davantage sur les impacts d’une usine à construire à côté de chez eux. Demande légitime, mais le directeur est trop hâbleur pour répondre, le représentant trop vindicatif pour tout à fait gagner l’adhésion… que faire ?

Panélistes :

  • Dir. Mélina MACOUIN, géophysicienne, Directrice de recherche CNRS, Toulouse – Résultats des mesures scientifiques de la qualité de l’air et des sols à Sebikotane, entre urgence à agir et urgence de se concerter
  • Pr. Fatou Bintou SARR, médecin, Professeur titulaire de physiologie humaine, UFR Santé, Université de Thiès – Histoires et perspectives de la prise en charge de la plombémie au Sénégal, du recyclage des batteries de Thiaroye à Sebikotane
  • Dr Codou Badiane MANE,  point focal Santé & Environnement du Ministère de la Santé et de l’Action sociale – Politiques publiques en matière de Santé environnementale
  • Aminata Mbow DIOKHANE, Directrice du Centre de Gestion de la Qualité de l’Air (CGQA), Direction de l’Environnement et des Établissements Classés (DEEC) / Ministère de l’environnement et de la transition énergétique (METE) – Mesures et suivi de la qualité de l’air à Dakar et dans sa région
  • Pr. Mathilde CABRAL, toxicologue, Professeur titulaire au Laboratoire de Toxicologie de l’UCAD & Centre Anti-Poison – Expérience sensible de la prise en charge du plomb dans les corps, entre pratiques médicales et puissance publique
  • Dir. Philippe CHAMARET, chimiste, Directeur de l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions de Fos-sur-Mer – Partir des préoccupations des habitants pour construire les questions de recherche à propos des pollutions : nouvelles perspectives
  • Dir. Christelle GRAMAGLIA, sociologue, Directrice de recherche INRAE, Directrice l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions de l’Aude – Résultats d’une enquête sur la connaissance des pollutions par les riverains des usines à Sebikotane : des savoirs situés

Modérateur : Thadee SECK, juriste spécialisé en gouvernance des activités extractives, consultant au Comité Sénégalais des Droits de l’Homme (CSDH) où il participe à l’animation de l’Observatoire National pour le Respect des Droits Humains dans le Secteur Extractif (ONRDH-SE). Il prépare actuellement une thèse en droit extractif.

© photos : Teranga Lab

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“BIEN VIVRE AVEC UNE FORÊT A REGENERER”

La deuxième causerie, “Bien vivre avec une forêt à régénérer”, a montré la diversité des savoirs en jeu lorsqu’il s’agit de réapprendre à vivre avec une forêt, en rendant évident que la justice environnementale passe aussi par la justice épistémique. Les discussions qui ont suivi ont donné lieu à des engagements forts entre l’État et la Mairie. Dr. Sekouna Diatta, en tant que directeur de l’agence sénégalaise pour la reforestation et de la Grande muraille Verte, s’est ainsi engagé à mettre en défense les 6 hectares alloués à la forêt par la Mairie ainsi qu’à fournir une pépinière municipale. Le maire de Sebikotane, M. Alioune Pouye, quant à lui, a plaidé pour la possibilité d’allouer 25 hectares supplémentaires à la reforestation sur le territoire de la Foret Classée. Donc acte !

Théâtre-forum : Le Bintégné de Sorokh, troupe Kër Gu Mag, dir. Mamadou DIOL – les scènes jouées ont montré les tensions qu’éprouvent les habitants sur le foncier lorsqu’il s’agit de faire de la place aux arbres alors même que les arbres ne cessent de “cultiver” les humains, grâce à leurs remèdes, leurs contes, leurs espaces, leur compagnie, leur mystique… pourrait-on s’en passer, vraiment ?

Panélistes :

  • Maximilien POUYE, technicien agricole spécialisé en agro-développement, formateur en horticulture, Sebikotane – N’Doun un projet pour régénérer la forêt de Sebikotane
  • Dr. Moustapha Bassimbé SAGNA, écologue spécialisé en biologie végétale, enseignant-chercheur, UCAD – Ce qui reste de la forêt de Sebikotane : un inventaire préoccupant
  • Bassirou GUEYE, technicien agricole, phytothérapeute au Parc Hann, formateur en phytothérapie Kër Moussa & Faculté de pharmacie, Dakar – L’articulation des savoirs avec les plantes, circulations vernaculaires et universitaires 
  • Fadel WADE, président de l’association Solidarité Ci Sutura – Manières de faire du commun avec une forêt à régénérer, expériences et perspectives

Modératrices : 

  • Claire DUTRAIT, autrice-enquêtrice des territoires pollués et des récits qui peuvent les parcourir et les transformer, elle prépare actuellement une thèse de création intitulée  “D’écorces et de plomb, à la recherche de récits qui embarquent en zone critique”, Aix-Marseille Université
  • Fatoumata HANE, socio-anthropologue maîtresse de conférences, IRL ESS, Université Assane Seck de Ziguinchor au Sénégal

© photos : Teranga Lab

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LES EXPOSITIONS ARTS-SCIENCES

Entre les deux causeries, on a pu se restaurer dans la salle de réception lors du buffet convivial préparé et servi par les apprentis du Centre de Formation Professionnelle de Sebikotane. On pouvait aussi prendre le temps de visiter les expositions ou encore déambuler entre les stands écocitoyens…

Revenons à l’entrée du Foyer pour retrouver l’exposition de photos SAMKAT, de Cléophée Moser qui accueille les visiteurs avec des portraits d’habitants posant au côté d’un arbre choisi. En face, dans des cadres anciens, des paysages de la forêt de Sebikotane, ce qu’il en reste du moins, semblent chercher leur point d’ancrage. Comment garder vivant ce patrimoine qui semble disparaître ? Ces photos témoignent que la forêt s’échappera si on n’y porte pas attention, les branchages qui débordent du plafond laissent penser qu’on peut encore changer le cours des choses…

Poursuivons avec l’exposition de Julien Hazemann et  de Cheikh Ndiaye aka Melokaan, L’Œil commun, qui témoigne qu’un Observatoire photographique du paysage (OPP) a commencé à documenter les fulgurantes mutations urbaine en cours dans la zone. On y voit, photos après photos, la ligne de TER ouvrir puis refermer le paysage par de hautes palissades de béton. On y voit l’avancée de la ville sur la brousse : les larges champs de latérite se dressent de poteaux électriques, les fils électriques se tendent, les bornes parcellisent la zone. L’emprise des 10x15m quadrille déjà le territoire sans même qu’une maison n’ait encore été construite.

On peut alors se diriger vers la présentation des travaux de l’Atelier 3D architecture et paysage du Collège d’architecture de Dakar mené par Zoé Duchamp et Julien Goupil.  Les étudiantes et les étudiants, devant de grands posters, avec force vidéos et maquettes, projettent des aménagements de bio-parcs et de constructions écologiques  pour accompagner la régénération de la forêt de Sebikotane. Les quatre éléments y sont à l’honneur, les jeux pour enfants, un marché… toutes ces activités projetées pour soutenir la forêt à régénérer rappellent qu’ici les forêts sont reliées aux humains ou ne sont pas.

Si l’on poursuit dans la cour du foyer, on pourra redécouvrir l‘exposition “Inspire et embarque” du projet AirGeo, avec ses posters racontant les enquêtes scientifiques et la fresque narrative de Frédéric Malenfer et Claire Dutrait, qui a ce pouvoir de générer des histoires de Sebikotane, mais aussi d’autres territoires industriels. Des médiateurs et médiatrices vous accueillent et se mettent à raconter le front urbain, les savoirs avec les arbres, la dynamique des alliances pour faire d’une zone critique un terroir où vivre ensemble.

© photos : Teranga Lab et Claire Dutrait

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LES STANDS ECOCITOYENS

Sous les petits chapiteaux blancs et bleus, les stands installés autour de la cour du Foyer font découvrir des initiatives citoyennes. L’association Solidarité Ci Sutura ainsi que le Réseau des associations pour la protection de l’environnement et de la nature (RAPEN), l’association Mboro S.O.S, la fabrique citoyenne et écologique Terranga Lab, le collectif d’architectes Worofila pour les construction en terre, l’alliance des jeunes acteurs pour le développement des jeunes acteurs pour le développement de Sebikotane (AJADS), le Groupement de femmes de Sorokh, ainsi que les partenaires de l’événement, l’usine de recyclage de métaux  SOMETA et la Fondation Heinrich Böll… tous se sont rendus disponibles pour venir présenter leurs activités en écho avec les préoccupations du forum Noyyindoo, de santé et d’environnement.

© photos : Teranga Lab

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LES PLATEAUX RADIO, PODCASTS & RETOURS PRESSE

Au fil du forum, la radio Waar Wi fm 104.2 s’est mise au rythme des échanges, deux émissions en direct ont été organisées le jour du forum, en plus des trois émissions réalisées la semaine précédente. Ce sont ainsi cinq plateaux radio qui ont pu être composés pour partager les différentes facettes du festival forum Noyyindoo :

  • la dimension communautaire, avec  Malik BA, président de l’association des délégués de quartier de Sebikotane ; Serigne Mbacké DIOP, porte-parole des habitants de Sebi-Gare ; Dyiama Rosalie MBALOGA, médiatrice du projet AirGeo.
  • la dimension scientifique, avec Mélina MACOUIN, géophysicienne responsable du projet AirGeo à l’international ; Moustapha Bassimbé SAGNA, écologue en biologie végétale à l’UCAD ; Mamadou KANDJI, ancien doyen de la faculté Lettres Histoires à l’UCAD, auteur de trois monographies sur Sebikotane.
  • la dimension artistique, avec Cléophée MOSER, vidéaste, performeuse et plasticienne, lauréate de la résidence STAR4AFRICA auprès de Ker Thiossane en partenariat avec l’Observatoire écocitoyen pour la connaissance des pollutions en parternariat ;  Mamadou DIOL, metteur en scène de la troupe de théâtre forum Kër Gu Mag de Sebikotane ; Julien HAZEMANN et Cheikh Ndiaye aka MELOKAAN, photographes instigateurs de l’Observatoire photographique du paysage de Sebikotane.
  • la dimension des savoirs situés, avec Tahibou LY, délégué du quartier de Sebi-Fass de Sebikotane ; Aliou NDONGO, étudiant en master de sociologie à l’UCAD menant une enquête sur la perception des pollutions à Sebi-Fass et Sebi-Gare avec l’accompagnement de Christelle GRAMAGLIA, sociologue des pollutions à l’INRAE (France).
  • la dimension internationale, avec Philippe CHAMARET, directeur de l’Institut écocitoyen de Fos-sur-Mer (France) ; Viviane THIVENT, représentante de l’Institut écocitoyen de l’Aude (France) ; Mayoro GUEYE, président de l’association GARAB.

Animateurs : DJ Tanza, Ousseynou Gueye Fall et Baabel Thiam ; productrice : Claire Dutrait ; directeur des programmes : Moustapha N’Dour

© photos : Claire Dutrait

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Teranga Lab a aussi installé une antenne dans la cours du Foyer Socio-collectif pour composer des podcasts témoignant du fil de la journée.

  • Bientôt ici : des podcasts à écouter !

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Et pour découvrir les retours presse, c’est par ici !

On pourra y lire par exemple :

Il y a des jours où l’air semble plus léger, non pas parce qu’il est débarrassé de ses particules nocives, mais parce qu’il s’emplit d’espoir. Ce mardi au centre Tadjaboone de Sébikotane, ce fut l’un de ces jours. Le lancement du Festival-Forum NOYYINDOO (Respirer Ensemble) a réuni élus, citoyens, experts et artistes pour rappeler que, face à la pollution, c’est ensemble que nous devons agir.

dans un article de Dakarzoom

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LA PRÉPARATION DU FORUM ET DE L’OBSERVATOIRE

Faut-il rappeler, même, que ce festival forum n’aurait pas pu se tenir sans une préparation au long cours, qui s’est intensifiée au fil des semaines et tout le long du festival ! Un comité d’organisation a été mis en place dès le mois d’août 2024, tant pour envisager la création de l’Observatoire écocitoyen pour la connaissance des pollutions que pour l’organisation de son événement fondateur.

Ce travail d’instauration de l’Observatoire, il a été mené par en lien étroit avec l’équipe du Terranga Lab qui a mis ses belles compétences de concertation à disposition du collectif. Trois réunions pour composer un Observatoire et ses principes de fonctionnement, dont on a pu entendre les effets lors du discours de Yann Philippe Tastevin comme du plaidoyer lu par M. Diop.

Quant à l’organisation du Festival-Forum Noyyindoo, elle a été coordonnée avec l’habituel professionnalisme de Marion Louisgrand-Sylla, de Kër Thiossane, soutenue par Karine Ginoux et Sophie Drame (IRL ESS, CNRS-UCAD) et relayée par l’infatigable Souleymane Baldé. Le responsable du Centre Tadjabone a su mobiliser volontaires et médiateurs pour que le comité d’organisation devienne une force efficace. La mobilisation de tous et toutes, et jusqu’au dernier moment, a permis que ce Forum-Festival soit une réussite.

© photos : Claire Dutrait

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LE CONCERT D’OMAR PENE

Et puisqu’on remonte le temps il faut revenir à la veille du forum, vendredi 31 janvier au soir : le temps du concert sur l’esplanade en face de la SOMETA, le long de la Nationale 2. Dans le vent, les poussières, et la lumière rouge des caractères chinois se détachant sur l’encre de la nuit, les groupes se sont succédé pour faire entendre leurs sons urbains.

La première partie a fait entendre les groupes bien connus à Sebikotane : Chantal Baarry, Fine J.Buzz, Arbi Bi Crew, Cristal Family, Sebi Gang, ALK, Dou le Prince, J Killah et Taw The King… tous présentés par le MC Animateur Cheickh Amala Toucoure aka “Dread Amala”, accompagné de l’incontournable Bou Gueye !

Et jusque tard dans la soirée, le grand Omar Pene et son orchestre le Super Diamono ont charmé le public par des chansons à la fois dansantes et engagées. Ils avaient invité pour l’occasion Christian Olivier, leader du groupe Les Têtes Raides, qui a envoyé ses tirades bien senties loin jusqu’aux collines de Toglu !

Et l’intégrale du concert filmé par la RTS :

© photos : Teranga Lab

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…LORSQU’IL EST PERMIS D’ESPÉRER

Un forum comme celui-ci, où arts, sciences et communautés forment des alliances inédites, que nous apprend-il ? Dans l’action, il enseigne à ouvrir un espace de dialogue innovant, où s’hybrident et se partagent les savoirs divers sur le bien respirer et le bien vivre. Ce partage renforce les liens de confiance entre chercheurs, collectivités locales, entreprises et habitants, et il contribue à la transformation sociale et écologique d’un territoire en pleine mutation.

Ce type de forum témoigne que les sciences en actes et les connaissances qu’elles (co)-produisent pourraient devenir utiles à trois titres, on le pressent dans les liens en train de former :

> socialement, l’élaboration-même des connaissances permet d’instaurer des liens au long cours entre des acteurs différents – ainsi sciences et communautés se relient-elles autour de préoccupations communes,

> scientifiquement, l’hybridation des pratiques de connaissances permet de co-élaborer des savoirs situés et efficaces, tant pour les chercheurs que pour les habitants – et l’expérience nous a montré que le rôle des arts est efficace à faire dialoguer ces savoirs différents,

> politiquement, cette co-élaboration permet, à partir du commun négatif que sont les pollutions, d’instaurer un collectif en capacité d’agir – un collectif divers mais un collectif qui s’expérimente au long cours et se consolide en chemin.

Chemin faisant, donc, un sentiment partagé : qu’il est permis d’espérer qu’on peut modifier les types de relation entre acteurs sociaux, transformer le rôle des sciences dans la société, et renouveler les modes d’actions politiques.

A suivre… ensemble !

 



OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
La rédaction (19 février 2025). NOYYINDOO 2025 : le Forum Festival santé et environnement. AirGeo : l'air, la terre et des écorces. Consulté le 30 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13cb4


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